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-Collectivités

Mo-ti-vés, les fonctionnaires !

Le constat est valable pour tous les fonctionnaires : le climat social se tend. Le contexte économique, le non remplacement des départs volontaires ou en retraite, les attentes de plus en plus pressantes du public contribuent à générer une ambiance peu motivante. Pourtant, le progrès du service public n’est-il pas lié à la motivation des agents des collectivités territoriales ?

Le mouvement de contestation mené par l’intersyndicale CFDT, CGT, FO et CFTC des personnels de la Ville de Saint-Etienne a révélé à quel point le malaise était profond. Parmi leurs revendications : l’arrêt des réorganisations au sein des services ainsi que des moyens humains et matériels supplémentaires. Le bilan social 2010 de la direction des ressources humaines (dernier en date disponible) donnent la mesure d’une situation qui s’est progressivement installée. Le nombre de préavis de grève locaux est passé de 9 en 2009 à 15 en 2010, avec un nombre de jours de grève passé de 2 331 jours à 5 819. Autre indice : l’absentéisme. Le nombre de jours d’arrêts pour maladie ordinaire était de 57 441 en 2010, soit 9,3 % de plus par rapport à l’année précédente. « Ce qui nous manque beaucoup, c’est du respect et de la reconnaissance, regrette Magali Badiou, déléguée CGT. Mais pas uniquement par de l’argent. La reconnaissance c’est aussi dans les remerciements. » Marie-Odile Sasso, adjointe aux ressources humaines, convient qu’il existe un mal-être. « Nous avons été dans un contexte où nous avons dû réorganiser les services et donc cela a déstabilisé certaines personnes et remis en cause des situations acquises. » Le contexte économique et financier de la Ville a par ailleurs conduit l’équipe municipale à donner la priorité au redressement des comptes, avec une pression pour limiter l’augmentation de la masse salariale.

Les agents municipaux stéphanois ne sont pas les seuls à vivre ce malaise. « L’absentéisme qui ne cesse d’augmenter, c’est partout ! » estime Gérard Manet, président du centre de gestion de la fonction publique territoriale de la Loire. Les raisons qui peuvent l’expliquer sont multiples. Un public de plus en plus exigeant vis-à-vis du service public et qui adopte une attitude plus consumériste que citoyenne par exemple. Mais aussi, « les gens ne se sentent plus motivés par rapport à leur déroulement de carrière. Pour les catégories C les possibilités d’avancement sont faibles. » Et avec la stagnation du point d’indice, il va y avoir un resserrement entre les catégories B et C. Pour autant la rémunération n’est « pas le moteur essentiel de la motivation », insiste Gérard Manet. « Il y a la qualité environnementale du travail. Etre agent dans une petite commune est beaucoup plus intéressant car il est plus polyvalent. Il y a une vie collective dans les petites communes. »

Vers la généralisation de l’entretien individuel

Que changera en 2012 la fin de la notation des fonctionnaires d’Etat à laquelle se substituera un entretien individuel annuel ? Une réforme qui devrait s’appliquer aux fonctions publiques hospitalière et territoriale à l’horizon 2014-2015. « Il ne s’agira pas seulement de noter le travail individuel, mais aussi de cerner les difficultés de l’agent et de savoir comment les surmonter », souligne Marie-Odile Sasso. Reste à savoir si cet outil sera adapté à tous les types de postes. L’expérience qui sera menée par Saint-Etienne Métropole dès 2012 devrait apporter des enseignements en la matière. A Roanne, la Ville a décidé de ne pas attendre et de mettre le système des entretiens individuels en pratique cette année. « La notation n’était pas très productive et était relativement déresponsabilisante », assure Thierry Migoule, directeur général des services à la Ville de Roanne. « Nous avons commencé à former les évaluateurs pour les entretiens individuels. Les évaluations permettent de se situer par rapport à son évolution. » La Ville a lancé de nombreux chantiers en ressources humaines portant sur les risques psychosociaux, sur l’usure au travail, sur l’encadrement. Un diagnostic social a été confié à un cabinet spécialisé et des agents volontaires vont participer à des entretiens individuels et/ou collectifs. « Nous voulons aboutir à la rédaction d’un cahier des charges avant l’été pour déterminer quelles sont les freins et les leviers pour parvenir à une meilleure qualité de vie au travail. Nous n’avons aucun tabou à ce sujet. Je suis convaincu qu’avec le progrès social viendra le progrès du service public. »

Mathieu Ozanam

 

RGPP : un rapport critique

Quels ont été les résultats du plan de modernisation de l’Etat, lancé en juin 2007 par le président de la République Nicolas Sarkozy ? Le Comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques (CEC) de l’Assemblée nationale a publié début décembre 2011 un rapport piloté par François Cornut-Gentille (UMP) et Christian Eckert (PS). Les deux parlementaires se montrent critiques sur les résultats obtenus depuis sa mise en œuvre. « La communication officielle sur la RGPP (notamment les rapports publics accompagnant les CMPP et d’étape) est caractérisée par une forme d’ « hagiographie » peu crédible, un simplisme de la présentation et une ergonomie de lecture déficiente », constatent-ils en préambule. En surenchérissant : « Le suivi de la RGPP a été fortement axé sur le respect des agendas et des jalons temporels, négligeant ne serait-ce qu’un début d’évaluation réelle des impacts des mesures. »

Bilan des près de 500 mesures qui constituent cette politique qui s’est accompagnée du non-remplacement d’un agent sur deux partant en retraite : « À tort ou à raison, (la RGPP) correspond aujourd’hui et de manière durable, pour un grand nombre d’agents publics et toutes les organisations syndicales, à un « repoussoir » ou à ce qu’il ne faut pas faire, malgré un consensus désormais acquis sur la nécessité de réformer l’État. »