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-- Mæstria -Dossiers -Économie EMPLACEMENT - A la une - Bandeau accueil ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

Réforme de l’apprentissage dans l’enseignement supérieur : une ouverture qui répond aux attentes des entreprises et des jeunes

La réforme de la formation professionnelle et par extension de l’apprentissage, initiée en 2018 par le Ministère du Travail avait pour objectif de répondre aux besoins en compétences des entreprises et de limiter le taux de chômage des jeunes. Elle a ainsi libéré l’offre de formation, passant d’une logique publique à une logique de marché, et laissant la possibilité aux entreprises et écoles d’ouvrir leur propre CFA.

Quel en est l’impact pour les établissements d’enseignement supérieur et leurs publics ? Quelles sont les nouvelles pratiques en la matière ? Les liens école-entreprise en sont-ils renforcés ?  Eclairage avec les exemples de l’ENISE, ISTP, IRUP et emlyon business school.

Le constat est partagé : pour les entreprises comme pour les étudiants, l’apprentissage est une formule gagnant-gagnant et la demande est croissante. Et si les stratégies peuvent différer entre les écoles, toutes font de l’apprentissage un enjeu de développement, et un moyen supplémentaire d’accroître leurs liens avec les entreprises et de contribuer au dynamisme économique.

L’emlyon business school comme l’ISTP et l’IRUP ont fait le choix, dès 2019, d’ouvrir leur propre CFA (Centre de formation des apprentis). Leur décision a d’abord été motivée par le souhait de répondre à la demande importante des jeunes comme des entreprises pour ce type de cursus. Ce choix était aussi financier.  En effet, selon Marylène Badour, directrice des CFA ISTP et IRUP, « la loi a modifié en profondeur le financement de l’apprentissage, et les écoles tenaient à maîtriser leurs modèles économiques. Nous avons donc opté pour un CFA intégré, et non plus pour un CFA régional interprofessionnel, comme c’était le cas avant la réforme. »

 

A l’ISTP et à l’IRUP, l’impact de la réforme et la création du CFA « n’a pas été une révolution, mais plutôt une suite logique, car l’apprentissage fait partie intégrante de l’ADN de l’école. » poursuit la directrice des CFA de l’ISTP et de l’IRUP. L’apprentissage représentait déjà 80% des effectifs des 2 écoles avant 2019. 300 nouveaux contrats seront établis à l’ISTP à la rentrée 2021.

 

Pour l’emlyon, qui a également opté pour une gestion autonome de ses contrats d’apprentissage avec la création de son CFA en 2019, la réforme ouvre le champ des possibles aux TPE et PME pour qui recruter un apprenti issu d’une grande école devient envisageable.

 

A l’ENISE, même si l’apprentissage est un axe fort de la stratégie de l’école, le choix a été fait de ne pas créer de CFA interne en 2019, l’école étant déjà engagée dans un processus d’intégration à Centrale Lyon ; mais le projet n’est pas pour autant abandonné et pourrait voir le jour dans les prochaines années. Pour l’heure, ce sont donc toujours 2 organismes IT2I Loire et le CFA BTP qui gèrent les contrats d’apprentissage pour les cursus de l’ENISE en génie mécanique et génie civil.

 

Former et recruter avec l’apprentissage

La réforme favorise aussi grandement la diversité et l’égalité des chances et ouvre les portes des grandes écoles à des jeunes qui n’envisageraient pas ces cursus pour des raisons financières, comme ça peut être le cas à l’emlyon. Jusqu’en 2020, l’école comptait 150 apprentis sur l’ensemble de ses cursus. A l’horizon 2025, ils seront 500. Dès la rentrée 2021, le BBA campus de Saint-Etienne comptera 80 apprentis, pour lesquels l’apprentissage est possible en 4ème et dernière année.

Pour François-Marie Larrouturou, directeur de l’ENISE, « les liens école-entreprises sont très forts, et figurent au cœur de notre stratégie. Les contacts sont quotidiens et variés : les dirigeants d’entreprises délivrent des cours, participent au conseil d’école, nous travaillons également ensemble sur des sujets de recherche. L’apprentissage est donc un dispositif naturel pour notre école. » Il poursuit, « notre souhait est, grâce aux savoirs de nos étudiants, d’apporter quelque chose aux entreprises du territoire : une réflexion sur des sujets de modernisation, de nouvelles méthodes de travail,BIM et LEAN, des projets de digitalisation, une réflexion sur les transitions énergie-climat,  DD et RSE, etc. »

 

« Un choix aussi vertueux qu’exigeant »

L’apprentissage est donc vu par tous comme un parcours gagnant-gagnant, et s’il comporte certains avantages pour l’étudiant, en particulier sur le plan financier, ce n’est pour autant pas le choix de la facilité.

Pour Marylène Badour, directrice des CFA de l’ISTP et de l’IRUP « notre rôle dans la sélection des candidats est de vérifier si les profils sont faits pour être formés en apprentissage ; s’ils sont prêts à articuler travail et formation, à trouver le rythme, à gérer la mobilité, etc. L’apprenti est attendu tant au niveau académique que professionnel. C’est un choix aussi vertueux qu’exigeant, mais le jeu en vaut la chandelle, car au final on obtient un diplôme de l’enseignement supérieur et une expérience professionnelle significative, un vrai atout pour entrer sur le marché de l’emploi. »

 

 

Recruter un apprenti : un pari gagnant pour l’entreprise

  • Financier (en fonction de la taille de l’entreprise) : exonération des cotisations sociales, prime à l’embauche dans le cadre de la relance, crédit d’impôt.
  • RH : l’intégration d’un apprenti constitue souvent un moyen de pré-recrutement pour l’entreprise et lui permet d’envisager l’embauche pérenne d’un jeune diplômé, déjà bien intégré et efficace dans son poste. C’est aussi l’opportunité d’ouvrir des réflexions grâce à une vision nouvelle et moderne.

 

Point sur la réforme

Jusqu’en 2019, et l’entrée en vigueur de la loi, le nombre d’apprentis était limité par des quotas par région et par type de formation. Des CFA externes, mettaient en place les contrats entre le jeune, l’entreprise et l’école. Le financement était assuré par les Régions.

Depuis 2019, France Compétence est l’organisme régulateur, qui en lien avec les OPCO, prévoient le financement des contrats d’apprentissage.

 

 

Marine Servy est étudiante en 4ème année en BBA emlyon à Saint-Etienne spécialité marketing digital et apprentie chez Grain de Suc, torréfacteur artisanal de cafés bio à Yssingeaux (43). Rencontre.

Marine, quelles sont vos missions chez Grain de Suc ?

« Mes parents ont créé l’entreprise Grain de Suc en juillet 2020, après une reconversion professionnelle. Depuis mon entrée à l’emlyon, j’avais en tête de me lancer dans l’entrepreneuriat. Cette aventure familiale était une vraie opportunité. J’ai intégré Grain de Suc en novembre dernier, en contrat d’apprentissage, alors que la boutique venait d’ouvrir à Yssingeaux. Je suis chargée de développer les réseaux de distribution de nos produits : commerces, restaurants, bars, etc., et je gère également toute la communication digitale (e-boutique, réseaux sociaux, communication en ligne).

 

Pourquoi avoir choisi l’apprentissage ?

L’expérience professionnelle permise par l’apprentissage est un vrai atout sur un CV. C’est un moyen d’entrer dans la vie active avec transition, en intégrant les codes d’une culture d’entreprise, tout en pouvant échanger avec les autres étudiants pendant les périodes de cours. Il faut d’ailleurs être bien organisé pour suivre le rythme école/entreprise. L’aspect financier de l’apprentissage est aussi entré en compte dans mon choix.

 

Quel est le bilan ?

Cette expérience est très positive ! J’ai pu participer pleinement à cette aventure entrepreneuriale familiale et apporter mes compétences acquises à l’emlyon pour le développement de Grain de Suc.

Je termine mon cursus à l’emlyon et démarre en CDI dans l’entreprise dès cet été. J’ai aussi pour projet de devenir associée.